Le sens commun tend à rendre synonymes des notions qui ne recouvrent aucune réalité commune. L’éthique, de nos jours, n’échappe pas à ce travers. Cet essai tente d’extraire l’énigme éthique du sens commun en la différenciant de la morale et de la déontologie. Ainsi s’attache-t-il à mesurer les enjeux qui viennent au jour, à partir du questionnement éthique, lorsqu’il s’agit d’accompagner des personnes dites «fragilisées». L’accompagnement est d’abord et avant tout une relation.
Qu’est-ce qu’une relation, d’un point de vue éthique ? Qu’est-ce que l’accueil, la rencontre, l’hospitalité, le face-à-face… Autant de dimensions qui retrouvent, au travers du questionnement éthique, toute leur profondeur.
C’est ainsi que l’auteur souligne la nécessité de refuser «l’infâme prise en charge» qui choisie les individus accompagnés. Accompagner, c’est «aller de compagnie avec». Dès lors, toute réflexion éthique exige la prise en compte de la singularité et de l’altérité de l’Autre-homme. Ce n’est qu’à partir de là que l’on peut penser ce qu’est une relation humaine d’accompagnement.
Dominique Depenne trouve ici, en l’oeuvre d’Emmanuel Lévinas, une référence irremplaçable pour penser l’éthique.
Cet ouvrage est destiné à tous les professionnels du travail social, quels que soient leurs métiers et leurs postes, et qui, d’une façon ou d’une autre, sont confrontés à la dimension relationnelle de l’accompagnement.
Avant-propos
Prologue
Le questionnement éthique
Reconnaître l’altérité de l’Autre-homme
Faire acte de résistance
Distinguer l’éthique de la morale et de la déontologie
Cerner les enjeux éthiques de l’accompagnement
1. Morale et déontologie
Une confusion coupable
Logique de la différence et logique de la préférence
Morale et éthique
Déontologie et éthique
2. Les enjeux éthiques à partir de la pensée d’Emmanuel Lévinas
À l’origine du requestionnement éthique
Qu’est-ce que le fait éthique ?
Le face-à-face et la responsabilité-pour-Autrui
Le Visage
Le désir
L’« il y a »
3. L’infâme « prise en charge »
Projet individuel et projet individualisé
La « prise en charge » comme obstacle à la relation
La « prise en charge » comme injonction de possession
La « prise en charge » comme injonction à la dépossession
La « prise en charge » comme processus de déshumanisation par réification de l’Autre
L’infâme « il y a » dépersonnalisant de la prise en charge : rendre l’Autre anonyme
4. Manquer l’altérité
Manquer l’altérité par la connaissance
Manquer l’altérité par le besoin
Manquer l’altérité par le pouvoir
Logique bureaucratique et ethnocentrisme
Excursus. La stigmatisation comme annulation de l’étrangeté de l’Autre-homme
Le vivre ensemble naît des interactions individuelles. L’institution « totale »
De la stigmatisation… comme processus d’exclusion
Le stigmate s’impose !
Toute stigmatisation sort l’homme du champ d’humanité
Frapper l’Autre de nullité humaine : le désastre de la stigmatisation
5. La loi de l’hospitalité
Distance, fusion et proximité
Accueillir
… le Visage de l’Autre
Identifier l’Autre empêche de l’accueillir
La confiance
Le technicisme comme obstacle à l’altérité
L’hospitalité
L’Autre : rencontre et altérité
De la proximité comme approche du prochain
Le dia du dialogue et le statut de la parole
Affectif, affection et empathie
6. Éthique, utopie et quotidien
À la naissance du travail social
Une lecture utopiste de l’éthique lévinassienne
Éthique du quotidien, quotidien de l’éthique
La quotidienneté : règne du temps indifférencié et logique de mêmeté
Le quotidien comme moment de partage
Le cadre comme condition de l’autonomie de l’individu
Culture de masse versus culture de l’ordinaire
7. Éthique, holisme, égoïsme et individualisme
Éthique et holisme
Éthique et égoïsme
Éthique et individualisme
8. Une éthique individualiste de l’accompagnement
Une société individualiste ?
Travail social et individualisme
Une approche éthico-individualiste
9. Éthique et organisation
Qu’est-ce qu’une organisation ?
L’apport essentiel de Theodor W. Adorno
L’éthique prime sur l’organisation
Épilogue
Bibliographie